Bon, là, je peux bien dévoiler la surprise… La semaine prochaine j’effectue une Marche Européenne du Souvenir et de l’Amitié exceptionnelle !
En 2019, j’avais eu quelques problèmes de mobilvouac qui ne m’avaient pas permis de terminer l’édition de l’année. C’est la vie ! Faut faire avec.
Je m’étais dit que pour prendre ma revanche sur le sort, il faudrait que je marque le coup en 2020 !
C’est en 2000 que je me suis réinscrit à cette belle marche après une vingtaine d’années sans pouvoir y participer, mon boulot ne me le permettant pas vraiment !
Cette année, j’avais donc prévu, en plus de la MESA 2020, de refaire cette MESA 2000 en suivant le même itinéraire qu’à l’époque.
J’ai longtemps gardé les itinéraires des années précédentes, mais il faut bien avouer qu’à un moment, il faut savoir faire le tri ! D’ailleurs, le parcours de 2000 s’était depuis longtemps perdu dans les oubliettes de mes déménagements !
Heureusement, il me restait le compte rendu de la marche que j’avais publié dans le bulletin de l’Amicale Para-Commando de Mouscron, à laquelle j’appartenais à l’époque !
C’était donc un bon point de départ pour la préparation.
Pour plus de renseignements, je ne pouvais que m’adresser au secrétariat de la MESA au Camp Roi Albert de Marche-en-Famenne.
A la suite d’un petit courriel expliquant mon projet, j’ai eu le plaisir de recevoir quelques jours plus tard, les itinéraires, certes approximatifs mais pour moi très utiles, de la part de l’Adjudant Francis MARTENS. Un grand merci à lui d’avoir pris un peu de son temps pour effectuer quelques recherches dans les archives de la MESA !
Mon idée de départ, c’était de refaire les parcours comme en 2000, en essayant de refaire les mêmes photos d’après celles que j’avais faites à l’époque !
J’ai bien dû me rendre à l’évidence que cela ne serait pas possible.
Pour des questions techniques, il m’était impossible de refaire les parcours en ligne (c.-à-d. d’une ville-étape à une autre) puisque je n’étais pas certain que la Défense Nationale mette une navette à ma disposition pour retourner chercher mon véhicule au point de départ ! D’un autre côté, faut bien avouer que je ne l’ai pas demandé non plus !?!!?! 🙂
Je devrais donc me contenter des itinéraires en boucle !
Je n’aurais bien entendu pas non plus les autorisations de traverser des propriétés privées ou les moyens de construire des ponts provisoires sur des cours d’eau !!!
Faudra donc prévoir les itinéraires au mieux pour ne pas trahir l’idée de marche anniversaire !
C’était aussi compter sans le Covid-19 qui est venu perturber un peu mes projets et mes entraînements ! Tant pis, on fera sans !
La Mesa 2020 officielle est morte ! Vive ma Mesa anniversaire 2020 !
En attendant le compte-rendu de cette édition, je vous propose donc ce petit retour dans le passé.
2000 MES Aventures à la MESA
Je me suis inscrit à la Marche Européenne du Souvenir et de l’Amitié.
4 fois 32 km d’Arlon à Vielsalm.
Les nouvelles chaussures de sport que j’avais commandées ne sont pas arrivées.
Tant pis, j’en achète une autre car celles que je mets habituellement viennent de rendre l’âme.
J’ai une journée complète pour les rôder avant de partir. J’espère que cela suffira !
Je suis comme qui dirait… un optimiste.
Lundi 26 juin,
13:00
Heure (prévue) du départ.
Où est passé mon sac de couchage ? C’est pas vrai ! Je vais devoir tout retourner.
Faut dire que je viens d’emménager dans une nouvelle maison et que le matin même je trimbalais encore des caisses.
Tant pis pour le sac, je prends la couette. Celle d’hiver, on ne sait jamais !
OK, tout est dans l’auto… je fonce.
Droit sur l’Ardenne et plus précisément le Camp Roi Albert de Marche-en-Famenne que j’ai choisi comme lieu de bivouac pour ces quatre prochains jours. 180 km, c’est le camp le plus proche.
On n’est jamais trop prudent, n’est-ce pas ?
Trajet impeccable. Y’a vraiment pas moyen de se tromper mais quand même, cela fait plaisir d’arriver sur place sans « ballonner ».
Accueil irréprochable. Tout est clair, même pour moi !
– La tente ? Là-bas. Il y en a 30, numérotées. C’est la 19.
– Les douches ? Dans la tente juste ici derrière.
– Ok !
– La cantine ? Là-bas, dans le fond !
– C’est pas trop loin ? Non !
– Aaaah !
Installation sans problèmes. Les deux premiers arrivés dans la tente sont un sergent chef du camp et son père. Ils font la MESA depuis plus de 10 ans. Des autochtones expérimentés.
J’ai de la chance, j’aurais pu tomber plus mal !
Grâce à eux, je me familiarise rapidement avec mon nouvel environnement et les questions sont nombreuses.
Les heures les meilleures pour aller à la cantine, pour aller manger, pour retourner à la cantine, pour prendre une bonne douche sans trop attendre, pour re-retourner à la cantine, etc.
Le repas du soir est servi à partir de 18:00. Au menu : potage de tomates, boulettes sauce lyonnaise, macaronis, salade mixte vinaigrette, mousse au chocolat et une canette de coca.
Passage à la cantine pour terminer la journée.
D’après mes deux habitués, minuit est une belle heure pour rentrer à la tente.
C’est pas vraiment ce que j’ai pensé le lendemain matin au réveil !
Mardi 27 juin
Réveil à 05:00
Pour moi… à 05:30 !
Une bonne douche et on n’en parle plus.
Petit déjeuner et lunch-packet copieux à emporter dans le sac à dos pour le repas du midi.
D’après la météo affichée aux infos du camp, il va faire bon.
Tant mieux. Du coup, tenue du jour : short et T-shirt
Départ en convoi de bus militaires à 07:45
La première étape commence à Heinsch, au nord-ouest d’Arlon.
Il y a une douzaine de bus et il faut que ce soit le mien qui s’arrête devant le seul bistrot de la région.
Le chauffeur ne me connait pourtant pas !?!!?
J’apprends que normalement, c’est le jour de fermeture, mais la brave tenancière, sachant que j’arri… euh… qu’on arrivait a tenu à ouvrir. Cela mérite d’être récompensé ! Il est 09:05, c’est un peu tôt, mais je me sacrifie, tant pis ! Faut goûter au crû du coin : un petit Maitrank ! Pas mauvais.
09:15 Go !!!
« Sac au dos dans la poussiè..è…reu, marchons les bérets vèè…reu ! »
Parcours magnifique. Bois d’Am Beynert, Val d’Attert…
Première halte au Km 7 avec distribution d’eau et de fruits en échange d’un ticket.
La grande halte de mi-journée se fait au Km 18, mais je prends un peu d’avance en mangeant avant d’y arriver.
Le camp est en pleine forêt, mais on a l’impression qu’un village s’y est installé. Tout a été prévu pour notre confort : toilettes transportables, antenne médicale, vente de hot-dogs et buvettes.
Je choisis celle que je ne connais pas encore : un comptoir monté sur roulettes avec une brave dame qui sert de la bière à la pression. Y’a que des belges pour inventer ça !
Quelques chopes plus tard, je remets mon sac à dos.
Encore une dizaine de kilomètres dans la forêt d’Anlier, passage par Fauvillers, la vallée de la Sûre et enfin, arrivée à Martelange.
Ouf ! C’était dur, mais c’était beau !
Tiens ? Ici aussi il y a des buvettes ?
Je ne suis pas maso, je choisis la plus proche. Je prends le temps de savourer une bonne Jupiler.
Celle-ci, c’est pour la soif, la suivante, parce que je le mérite bien !
Tiens, voilà l’ami F. , un autre membre de notre APC de Mouscron.
– « Salut, ça va ? »
Question idiote ! F. en est à sa 6ème édition, alors, vous pensez bien que ça va !
– « Tu n’as pas vu R. ? » R. c’est un autre pote de l’amicale.
– « Non, mais tu sais, R. , c’est un rapide. Il est certainement déjà retourné au camp ! »
– « Possible ! T’en bois une ? »
‘ « Allez…En vitesse ! »
C’est vrai que R. c’est un rapide ! Il marche pas, il court presque.
Tant pis, je le verrai sans doute demain. Nous ne sommes malheureusement pas dans le même camp.
Vers 16:00, retour en bus vers mon camp de base.
Après une bonne douche réparatrice, direction la tente-infirmerie pour soigner mes coups de soleil.
J’avais prévu beaucoup de choses, mais pas ça ! J’ai les bras et surtout l’arrière des jambes couleur écrevisse bien cuite ! Merci le short et le T-shirt !
Demain, c’est promis, soleil ou pas, je mets un pantalon !
18:00 Souper
La file est un peu longue, mais tant pis, cela me permet d’être heureux de ne pas encore faire partie des éclopés qui défilent déjà ! Des néophytes sans entraînement probablement !
Moi aussi, mais c’est (presque) pas pareil ! 😉
La Marche du Souvenir, comme on l’appelait à l’époque, je connais. J’ai commencé à la faire en 1973, avec l’armée. En peloton comme cela se faisait à l’époque. Cela se passait toujours très bien !
Avec mes nouvelles chaussures, il n’y a donc pas de raison qu’il en soit autrement cette fois-ci, non ?
D’autant que le carnet de marches reçu au mois de mai affiche déjà allègrement… 50 km ! J
Pour en revenir au souper, au menu : potage au céleri, pavé de dinde sauce archiduc, pomme de terre, carottes au beurre, orangeade et gâteau sec. C’était excellent.
Puis, cantine jusqu’à 21:00. Soyons prudent, la Guindaille du Souvenir, ce sera pour une autre fois.
Mercredi 28 juin
Réveil à 05:15
Pour moi aussi !
Aujourd’hui, pour les personnes logeant à Marche, le départ ne se fera pas à Martelange, d’où part le parcours en ligne, mais de Bastogne pour l’étape en boucle.
Pour des questions d’organisation, chaque camp fait soit une, soit deux boucles. Nous n’en ferons qu’une.
Nous descendons des bus au Mardasson et comme il n’y a pas de buvette pour nous retarder, nous nous mettons tout de suite en route en suivant le GR 4 vers l’est. Le soleil est au rendez-vous.
Tien, voilà F. !
– « Alors F ?, en forme ? »
– « Ca va ! »
Je vous avais dit que pour F., ça va toujours !
Nous marchons côte à côte pendant quelques kilomètres en admirant le paysage et en nous demandant où se trouve l’ami R., car nous sommes l’un et l’autre partis assez tôt et nous ne l’avons pas encore vu. Il nous dépassera peut-être un peu plus tard.
Nous longeons quelques bois et traversons Mageret et Benonchamps.
Soudain, quelques pas précipités se font entendre. Serait-ce Flèche Béret Rouge ?
Non ! Une plaque de béton dépassant de la route de quelques centimètres vient d’attaquer le pied de l’ami F. . Heureusement, le pied de notre prof de karaté en a vu d’autres.
Je reste toutefois un moment en sa compagnie pour m’assurer que tout va bien.
C’est le cas ! Je reprends donc ma propre cadence et le laisse continuer à la sienne. Il ne sert en effet à rien que l’un attende l’autre ou que l’autre accélère pour suivre l’un, cela fait en définitive du mal aux deux !
« Debout Commando, il est temps de marcher, sur la route au pas cadencé… »
Nous retrouvons avec bonheur la forêt après deux heures de marche au soleil.
Après une petite incursion de 3 km au Luxembourg, nous arrivons à la grande halte.
Elle est la bienvenue. Madame la cantinière (Félicie ?) aussi !
Quelques chopes plus tard, c’est reparti pour la traversée de la même forêt, mais dans l’autre sens.
Traversée de Wardin, puis nous continuons par le Ravel jusqu’à la fin de l’étape qui nous ramène au Mardasson.
Après un bref arrêt au stand que vous connaissez, une visite de ce lieu s’impose.
Je commence par le « Historical Center » où, surprise, l’entrée est gratuite pour les marcheurs.
Merci à la Ville de Bastogne, car même en payant, cela en aurait valu la peine.
L’intérieur moderne nous fait comprendre les combats qui se sont déroulés dans la région grâce à des scènes de reconstitution et des mannequins plus vrais que nature.
Au centre d’un petit amphithéâtre où les banquettes sont bien reposantes, une maquette lumineuse reproduit les moments forts de la Bataille des Ardennes. Les images et les commentaires sont fantastiques.
Après un passage par la boutique aux souvenirs, passage par la première buvette venue car je ne me sens pas le courage de monter au mémorial. Cela en vaut pourtant la peine, mais j’ai un pied qui me fait un peu souffrir. Tant pis, ce sera pour l’année prochaine.
Il est 15:00. Je décide de ne pas traîner et un bus nous reconduit au camp de Marche. Le chauffeur nous dépose à 50 mètres de la cantine !
Ce n’était pas prévu, mais bon, puisqu’on y est et qu’il reste un peu de temps avant le souper, je boitille jusque là et y ingurgite quelques verres d’un liquide que les hommes savent pourquoi !
Souper comme d’habitude excellent : soupe ardennaise, brochette sauce provençale, riz, crudités, flan vanille et coca.
Après une bonne douche qui vous retape en autant de temps qu’il en faut pour la prendre, je prends la direction de l’infirmerie.
– « Bonjour ! J’ai un peu mal, là, au gros orteil ! »
– « Montrez un peu ! Houlalaaa… une entorse ! … Et là, épanchement de synovie… hahaaa… début d’arthrose aussi ! Et là… un beau début de cloche !»
A mon avis, il voulait m’achever ! Il est payé au nombre d’abandons sans doute !
– « Ah ? Et qu’est-ce qu’on peut faire ? »
– « Prenez ces cachets, cela devrait vous permettre de pouvoir terminer la marche ! »
Aaah ! le brave homme. Certainement un ancien Chasseur Ardennais qui a compris ma douleur de Commando !
Je décide donc de déroger à mes principes et de ne pas terminer la soirée à la cantine. Après tout, elle est quand même à 150 mètres et ma tente seulement à 20 !
Entre deux maux, il faut choisir le moindre !
Repos jusqu’au lendemain. Je prends ma pilule et m’endors du sommeil du juste !
Jeudi 29 juin
Réveil comme d’habitude.
Etonnamment, je me sens en pleine forme, quoique les mollets un peu lourds. Nous avons quand même 60 km dans les gambettes. Soit un peu plus que la totalité de mes entraînements précédents.
Je vous passe les détails toilette, déjeuner et lunch-packet (toujours aussi copieux) pour en arriver directement à l’étape du jour : Bastogne – Houffalize.
Dès le départ, nous empruntons un chemin campagnard serpentant dans un magnifique paysage de champs et de bosquets.
Au fil des kilomètres, mon pied droit commence à se rappeler à son bon souvenir.
« … Nous som-mes fiers… d’appaar-tenir… à ceux qui savent souffrir… »
J’essaie de courir un peu. C’est pas mieux, mais comme c’est pas pire non plus, je continue sur ma lancée. Au moins, j’aurai mal moins longtemps !
Après la traversée de Compogne, le relief et la forêt deviennent nettement plus importants, nous arrivons dans le bassin de l’Ourthe.
Km 19, grande halte avec arrêt habituel chez ma cantinière attitrée.
Notre petit livret d’information nous indiquait que « L’Ourthe sera atteinte après la traversée de la vallée la plus sauvage de toute la Mesa » !
Eh bien ! Ils n’ont pas menti, pour être sauvage, c’est sauvage ! Par endroits, il n’y a même pas de chemin et nous descendons à flanc de coteau dans la forêt même pour ensuite longer des ruisseaux , les traverser à gué et regrimper ensuite, les uns derrière les autres dans la trace des précédents.
Après un dernier effort dans une côte en terrain boisé, nous découvrons avec bonheur le panorama de notre ville-étape d’arrivée.
Celle-ci a lieu sur la grand ’place, alors, vous pensez bien que pour me désaltérer, j’ai le choix, même si la buvette mobile n’est pas encore en service. J’en profite donc pour faire le tour des caf… des sites intéressants.
De retour sur la place, la buvette est ouverte et bon nombre de marcheurs, militaires et civils, l’ont déjà prise d’assaut.
F. est là aussi !
– « Salut ! Ça va ? Toujours pas de nouvelle de Flèche Rouge ? »
– « Bin non ! »
Des copains de marche de notre ami R. arrivent, on aura peut-être enfin des nouvelles.
– « Comment, vous ne savez pas ? R. est déjà à Mouscron !
Je ne suis pas particulièrement lent d’esprit, mais là, j’avoue que je ne saisis pas tout de suite ! Je sais que R. est un rapide, mais de là à être déjà arrivé, y’a de la marge !
L’explication suit : « Il a dû être rapatrié ! Il s’est blessé le premier jour de la marche ! Vilaine entorse ! Il est pas content, hein ! »
Je le comprends, il y tenait beaucoup à sa 30ème Marche du Souvenir ! Ce sera sans aucun doute pour l’année prochaine. Là-dessus, on boit un verre à sa santé.
Le retour se fait comme d’habitude, sans problème.
Souper : soupe à l’oignon, escalope sauce dijonnaise, petits pois au beurre, pommes de terre, fruit et citronnade.
Le soir, la cantine est un peu plus animée que les autres jours. C’est la demi-finale de l’Euro !
Les hollandais y sont nombreux, les italiens un peu moins, mais l’ensemble fait la fête.
Le match s’éternise, l’ambiance est bonne. Le foot, c’est pas vraiment ma tasse de thé, mais je m’habitue !
A la fin de la partie qui voit la défaite des bataves, la cantine se vide à la vitesse grand V. Il est tard, la nuit sera courte.
Vendredi 30 juin
Réveil à je-ne-sais-pas-quelle-heure !
J’ai mal dormi. J’ai mal partout. Je suis fatigué, vanné, fourbu, lessivé ! Pas bien quoi !
J’arrive au réfectoire parmi les derniers ! Il n’y a plus de baguettes, plus de pain gris, plus de beurre, plus de … A mon avis, comme c’est le dernier jour, certains ont fait des stocks pour le week-end qui arrive !
On accepte donc ce qu’il reste. Heureusement, j’ai encore du rab des jours précédents.
Le départ du jour se fait à la Baraque Fraiture en descendant par la piste de ski alpin. Ensuite, nous avons droit à de la forêt jusqu’au moulin de Lierneux, avant de traverser quelques prés pour rejoindre la Lienne (pas l’extra-terrestre, la rivière !)
Un sentier de grande randonnée nous fait ensuite passer par une réserve naturelle où la rivière est maître. Une longue côte nous mènera ensuite dans la forêt du plateau salmien avec de magnifiques paysages. Ces 5 km sur le plateau fagnard sont magnifiques. C’est dans cette dernière forêt avant de descendre dans la vallée de la Salm que je commence sérieusement à souffrir. A force de boiter, deux magnifiques cloches sont venues s’ajouter à ma panoplie de bobos.
Les dix derniers kilomètres seront les plus pénibles de cette marche et je mets autant de temps que pour faire les 20 premiers de la journée.
Il y a longtemps que j’ai épuisé mon stock de chansons que je reprends en boucle pour la 58ème fois ! Il faudra que j’en apprenne d’autres ! De toute façon, pour le moment, je n’ai même plus le courage de siffloter ! Je fais les 5 derniers kilomètres en pleurant ! De rage et de souffrance !
Une chose est toutefois certaine, j’arriverai au bout, même si je dois ramper !
Les derniers repères kilométriques sont les plus beaux de tout le parcours. J’ai même cru apercevoir un panneau « Ici, 31ème km » mais c’était peut-être mon imagination ! Vous savez, comme les mirages lorsqu’on a soif ! Et là, j’avais terriblement soif !
C’est donc avec plaisir que j’arrive à Vielsalm et que je fais pointer ma carte pour la dernière fois au dernier contrôle de la dernière étape.
Une bonne pinte avant d’aller chercher ma médaille et ensuite, direction l’infirmerie.
J’en ressors les mains bandées et le cou entouré de pansements : brûlures au premier degré. Je suis le deuxième cas que l’infirmier qui me soigne ait vu dans cet état depuis qu’il est de service sur la Mesa ! C’est ça la chance : il en a vu deux en 5 ans et l’un des deux, c’est moi ! Faut voir le bon côté des choses : je serai donc pour lui un souvenir impérissable de sa carrière !
Quelques chopes plus tard, ne voyant personne que je connais, je décide de rentrer au camp.
Sur le chemin qui me mène vers le parking des bus, j’aperçois les courageux qui ont encore la force de défiler !
« … En vain-queurs nous dé-filerons… »
Moi, je marche sur le trottoir en retenant mes larmes, mais je n’en suis pas moins fier d’être allé au bout de cette première MESA depuis plus de 20 ans !
Pour le moment, j’aspire surtout à prendre une bonne douche au camp.
C’est là que j’admire les deux magnifiques cloches car je n’ai pas osé enlever mes chaussures avant.
La douche me remet d’aplomb et c’est complètement vidé, mais heureux, que je reprends la route du retour.
Les kilomètres défilent et je réfléchis : Est-ce que cela vaut vraiment la peine de souffrir autant pour une médaille ?
Peut-être pas… mais il y a aussi les nouveaux copains, les magnifiques paysages, le dévouement de tous les militaires qui ont travaillé pour que cela soit une réussite, et les chopes servies par « Félicie » aussi, le fait de s’être dépassé un peu, d’avoir réussi quelque chose… !
Alors, en y réfléchissant bien, bin oui, cela en valait la peine !
Tiens, au fait, c’est quand la Marche des 4 jours de l’Yser, cette année ?